L’agritourisme : diversifier les revenus de sa ferme

Face à la volatilité des marchés et au besoin de stabilité, l’agritourisme s’impose comme une option de diversification pour de nombreuses exploitations. Plus qu’un simple complément de revenu, il offre une opportunité de valoriser le savoir-faire agricole, de créer du lien social et de proposer des expériences authentiques en pleine nature. Cet article explore les atouts de l’agritourisme, ses défis, et les étapes clés pour réussir ce type de projet, exemples à l’appui.
L’agritourisme, un concept aux multiples facettes
L’agritourisme, pilier du tourisme rural, regroupe toutes les activités touristiques proposées par les agriculteurs sur leur lieu d’exploitation. L’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) définit le tourisme rural comme une expérience centrée sur le visiteur, connectée à la nature, l’agriculture et la vie rurale. Il se déroule dans des zones non urbaines, caractérisées par des paysages agricoles et des traditions rurales. L’agritourisme se décline en de nombreuses formes : hébergement (gîtes, chambres d’hôtes, camping à la ferme, mais aussi yourtes, cabanes perchées, ou tiny houses pour une touche d’originalité), restauration (tables d’hôtes, auberges), activités pédagogiques (fermes pédagogiques, ateliers de fabrication de fromage, de pain, ou initiation à la traite des vaches), loisirs (randonnées, pêche, ou même des stages de survie en pleine nature pour les plus aventureux !) et, bien sûr, la vente directe des produits de la ferme. Imaginez-vous, le temps d’un week-end, participer à la fabrication du beurre, à la récolte du miel, ou même à la tonte des moutons… C’est ce genre d’expérience unique que propose l’agritourisme.
Pourquoi se lancer dans l’agritourisme ?
L’engouement pour l’agritourisme répond à des besoins réciproques. Pour les agriculteurs, c’est une solution pour diversifier leurs revenus, valoriser leurs produits et créer du lien social. Le Gaec Pic en Lozère, par exemple, a diversifié ses activités en transformant une partie de son lait en Bleu d’Auvergne, comme le souligne Réussir.fr. Pour les touristes, c’est la promesse d’une expérience authentique, d’une reconnexion à la nature et de produits locaux de qualité. Cette tendance s’inscrit dans une prise de conscience environnementale et une envie de tourisme plus responsable.
La diversification, un atout pour la pérennité
La diversification est essentielle pour beaucoup d’agriculteurs, et l’INSEE a d’ailleurs documenté la variabilité des revenus agricoles. L’agritourisme permet de générer des revenus complémentaires, moins dépendants des aléas climatiques et des marchés. Cela stabilise les finances de l’exploitation, un avantage crucial en période d’incertitude. Bien qu’il représente une diversification importante, il faut noter que, selon l’INSEE, l’agritourisme reste une pratique marginale, concernant environ 2.5% des exploitations agricoles en France en 2020. Cependant, il représente un potentiel de développement important.
Les atouts multiples de l’agritourisme
L’agritourisme ne se résume pas à un apport financier. Il valorise le patrimoine rural, crée des emplois et dynamise les territoires. Les agriculteurs partagent leur passion, transmettent leur savoir-faire et sensibilisent à une agriculture durable. La vente directe, au cœur de l’agritourisme, renforce le lien entre producteurs et consommateurs, assure une meilleure rémunération pour l’agriculteur et garantit des produits de qualité. En Wallonie, l’association “Accueil Champêtre en Wallonie” accompagne les agriculteurs dans leurs projets.
Réussir son projet agritouristique
Un projet d’agritourisme, bien que séduisant, demande une préparation rigoureuse. Il faut investir du temps, de l’énergie et des ressources financières. Il est essentiel de bien définir son projet, d’identifier ses atouts, de cibler sa clientèle et de se former. L’accompagnement par des structures spécialisées, comme les Chambres d’agriculture ou des associations telles qu’Accueil Champêtre en Wallonie, est vivement conseillé.
Les aides financières : un coup de pouce
Des aides publiques existent pour soutenir l’agritourisme. En Wallonie, l’aide financière wallonne pour la diversification agricole, connue sous le nom d’ADISA (plus d’informations ici), finance les investissements pour le démarrage de projets de diversification, y compris les activités touristiques. Ces aides couvrent l’achat de matériel, la construction ou la rénovation de bâtiments, et certains investissements immatériels. L’aide de base est de 20% du montant hors TVA du coût raisonnable de l’investissement, avec des majorations possibles.
Les aides financières en France
En France, divers dispositifs d’aides existent également. Les Chambres d’agriculture, les conseils régionaux et départementaux sont les interlocuteurs privilégiés pour connaître les aides disponibles et leurs conditions. Le département d’Ille-et-Vilaine, par exemple, propose une aide à la diversification. Il est crucial de se renseigner auprès de ces organismes avant de commencer les investissements, car la demande doit souvent être faite en amont. Les sites internet de ces organismes fournissent généralement des informations détaillées et les formulaires nécessaires.
Se former pour mieux accueillir
Se lancer dans l’agritourisme, c’est aussi apprendre de nouveaux métiers : l’accueil, l’animation, la gestion de réservations… Heureusement, de nombreuses formations existent pour acquérir ces compétences. Des organismes comme les Chambres d’agriculture, les CIVAM (Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural), ou encore des réseaux spécialisés comme “Bienvenue à la ferme” proposent des formations sur l’accueil à la ferme, la gestion d’hébergements touristiques, la création d’activités pédagogiques, ou encore le marketing et la communication. Ces formations sont un investissement précieux pour garantir la qualité de l’offre et la satisfaction des visiteurs.
Les recommandations de l’OMT pour un tourisme rural durable
L’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) insiste sur l’importance d’une approche participative pour un tourisme rural durable. Elle encourage la collaboration entre les gouvernements, le secteur privé et la communauté internationale pour faire du tourisme un outil de développement rural inclusif. Le Cadre d’AlUla guide l’intégration du tourisme dans une stratégie globale de développement, en accord avec les Objectifs de Développement Durable. L’OMT met en avant la valorisation des villages, de leurs paysages, de leurs savoir-faire et de leurs activités traditionnelles.
Les défis de l’agritourisme et comment les relever
L’agritourisme n’est pas sans défis. La charge de travail supplémentaire est importante : accueil des visiteurs, gestion des réservations, animation, entretien des lieux… Il faut être prêt à y consacrer du temps et de l’énergie. La conformité aux réglementations (sécurité, accessibilité, hygiène) est également essentielle. Il faut aussi prévoir l’investissement initial, parfois conséquent, pour aménager les lieux. Pour faire face, une organisation sans faille, un vrai sens de l’accueil et une bonne connaissance des règles sont indispensables.
Gérer son temps et commercialiser son offre
La gestion du temps est un défi majeur. Il existe des outils de gestion, comme des logiciels de réservation en ligne, qui peuvent simplifier la tâche. Pour la commercialisation, il est important de se faire connaître. Créer son propre site internet et optimiser son référencement local est une stratégie efficace, comme le suggère Conseil en Agriculture. Les plateformes de réservation en ligne, comme Airbnb, peuvent aussi apporter de la visibilité, mais il faut tenir compte des commissions. L’important est de diversifier ses canaux de communication.
L’avenir de l’agritourisme : créativité et authenticité
L’agritourisme évolue sans cesse. Pour se démarquer, il faut être créatif et proposer des expériences uniques. L’essor des hébergements insolites (cabanes, yourtes, etc.) en est la preuve. Les activités pédagogiques et ludiques, comme les ateliers de fabrication ou les visites interactives, attirent les familles. Les expériences immersives, comme la participation aux travaux de la ferme, séduisent ceux qui recherchent l’authenticité. L’avenir de l’agritourisme est aussi celui de l’œnotourisme qui se développe en France (découvrir l’œnotourisme). L’avenir de l’agritourisme repose sur un subtil mélange de tradition et de modernité, en intégrant le savoir-faire ancestral aux nouvelles technologies et aux attentes d’une clientèle en quête de sens et d’expériences mémorables. Une chose est sûre, l’aventure de l’agritourisme ne fait que commencer !